samedi 10 mai 2008

Portraits de la France qui se lève tôt (3)


Josy regarda encore par l’œilleton de la porte de service. Sur le parking, laissé dans la pénombre parce qu’il ne fallait quand même pas tenter le diable, elle devinait « leur » présence. Elle se demanda si ceux de la semaine dernière étaient revenus ou si ce n’étaient que des nouveaux. De là où elle était, elle ne discernait que des ombres, assises pour la plupart, immobiles dans leur grande majorité.

Parfois, une voiture passait dans la rue longeant le parking. La radio à fond, pour réveiller son occupant avant d’arriver au boulot. Le boulot ! Ce sacro-saint boulot ! Celui sans lequel tu n’étais plus rien mais aussi celui avec lequel tu avais maintenant tout juste de quoi te loger et te nourrir. Elle le voyait bien avec sa fille Sandrine. Malgré son travail de coiffeuse, elle habitait encore chez eux avec son fils. Alors, avec le mari de Josy ils avaient aménagé une chambre dans le salon du T2. Bon c’était pas Byzance, mais au moins, Sandrine n’était pas comme « eux ».

« Eux », justement, elle les connaissait un peu. Il y a quelques temps encore, elle leur gardait des invendus au propres pour leur donner sans qu’ « ils » aient à fouiller les conteneurs. Les invendus ce sont tous ces produits presque périmés ou bien dont l’emballage est abîmé pendant le transport ou la mise en rayon. Mais depuis quelques temps les invendus c’était aussi les produits commencés par des clients dans les rayons. Samedi dernier, les vigiles avaient attrapé une mère en train de donner à ses enfants du fromage. Elle n’avait pas de quoi payer et ça c’était fini au Poste… Le problème, c’était que ça devenait de plus en plus fréquent. Les pertes de l’« As des As » due à ce type de comportement ne cessaient d’augmenter. On était ainsi passer d’une perte de 15 % à une perte de 30 % en 2 ou 3 ans sur la totalité de la marchandise du supermarché. Certains clients venaient acheter les strict minimum et mangeaient discrètement, qui une pomme, qui un bout de charcuterie. Josy le voyait bien : les gens n’avaient plus les moyens.

Ce n’était pourtant pas ce qu’avait promis le Président en 2007 ! Avec lui on allait voir ce qu’on allait voir, claironnait-il ! Même des journaux de gauche le disait que c’était le seul candidat valable ! Alors, Josy, comme son mari et sa fille avaient voté pour lui. Et puis tout était allé très vite… Certains disaient que c’était de sa faute, d’autres que la crise était mondiale, mais tout ça, Josy elle s’en moquait un peu. Ce qu’elle voyait c’est qu’ « ils » étaient toujours plus nombreux le jour des poubelles.

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3 commentaires:

  1. Le suspens devient insupportable, mais jusqu'où irez-vous pour nous tenir en haleine ?

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  2. @Circé plus trés loin, je vous assure

    @Nicolas un long week-end de pont...

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