lundi 9 juillet 2012

où je reparle de poubelle, désolé


Il y a des jours comme ça tu préfèrerais être en vacances comme certains plutôt que de parcourir la presse, surtout dans le domaine dans lequel tu baignes. Aujourd’hui c’est le cas, et donc je vais encore repousser ma participation au dico des blogueurs et à la radio de l’été.

Ce matin, deux articles sur le monde merveilleux des déchets. Le premier dans Le Monde Planète, par Gilles van Kote, qui donne la parole aux élus locaux qui se retrouve, souvent un peu poussés par les collègues qui préfèrent s’occuper de sujets autrement plus glamour comme le développement économique ou la culture, qui ont la charge des montagnes de merdouilles que nous produisons jour après jour. Ces élus, se retrouvent face à des enjeux techniques, réglementaires et financiers assez énormes. D’un côté la réglementation évolue à vitesse grand V (on est passé du cantonnier qui mettait dans un trou les poubelles ramassées dans la commune dans les années 60, à des schémas de tri de plus en plus complexe avec 2,3 voire plus poubelles, des déchèteries dans lesquelles il faut trier plus d’une cinquantaine de familles de déchets), les traitements sont de plus en plus onéreux pour mieux protéger l’environnement et les populations environnantes,…) et comble du comble la production de déchets ne cesse d’augmenter. Tiens, par exemple dans le Chinonais, on en produisait 222 Kg par an par tête de pipe en 1984, en 2011 c’était 330 Kg, soit une augmentation de 100 Kg par an par personne.  Et cette augmentation, tout le monde en est responsable. Il y a bien sûr les méchants industriels, qui mettent plein d’emballages, voire qui misent gros sur l’obsolescence programmée. Mais si on prend le petit bout de la lorgnette des emballages, il faut aussi se demander si les consommateurs ne sont pas aussi en partie responsables, via le législateur : en effet, la masse d’information pour un produit est maintenant telle qu’il faut avoir du temps pour tout lire. Et puis une société qui jette autant, les citoyens qui la peuplent ont bien une légère part de responsabilité, non ? + 100 Kg par habitant et par an en 30 ans, ça commence à faire pas mal. Le mythe du « consomme pour être heureux » ne vit que parce qu’on le veut bien. Y a-t-il un véritable intérêt à changer de téléphone portable avant sa mort clinique, voire par noyade comme pour le sagem de Nicolas ? L’imminence d’un évènement sportif justifie t’il de changer sa télé par un écran plat qui fait dolby surround ? Et donc nos élus locaux se retrouvent avec trois impératifs :
ü   
  • Une capacité contributive de leurs concitoyens non extensibles 
  •  Une imagination débordante de l’industrie qui nous créé des déchets nouveaux en veux-tu en voilà (certaines marketteurs de génie travailleraient actuellement sur des paquets de cornflakes lumineux et sonores pour attirer le chaland, transformant des bêtes boîtes en carton en déchets électroniques)
  • Une législation qui se durcit et qui tire un peu dans tous les sens, au niveau européen notamment

Le second article qui m’a mis en rogne ce matin est une illustration de ce problème réglementaire. On a donc d’un côté nos élus, aidés de services techniques et administratifs, qui cherchent des solutions pour traiter une montagne de déchets et essayant d’en recycler une partie de plus en plus importantes, pour deux raisons principales : la protection de l’environnement (par la préservation des matières notamment) et des coûts qui s’envolent. Mais aussi pour répondre aux exigences d’une réglementation européenne qui pousse à des tris pour de plus en plus de matières, fermant pour cela le recours à l’enfouissement de plus en plus. Car au final, les déchets qui ne peuvent pas être recyclés, ceux qu’on appelait ultimes à une époque, sont soient incinérés soient enfouis. Et de l’autre côté la nébuleuse des associations de protection de l’environnement. Quelque soit le projet, je dis bien quelque soit, vous aurez toujours une association qui sera contre, voire qui naitra pour montrer son opposition. Ceci est simplement dû au fait que le syndrôme du NIMBY (Not in my backyard, pas dans mon jardin pour les non germanophones) est fortement ancré, ce que je comprends tout à fait, moi en tant qu’habitant d’un quartier je verrais d’un assez mauvais œil la construction d’une infrastructure gérant des déchets, ou produisant de l’électricité. Je suis d’ailleurs fortement opposé aux antennes relais de téléphonie mobile (je vais finir par passer pour un arriéré, mais je n’ai pas de portable perso, pas de gps dans ma voiture, pas de télévision à écran plat, en fait quasiment aucun gadget high tech, n’en ressentant pas plus le besoin que ça au final), et je hurle à chaque décollage de chasseurs sur la base aérienne, croisant fortement les doigts pour que l’aéroport « international » de Tours périclite s’il n’est pas capable de vivre autrement que sous perfusion de subventions à Ryanair.

Entre ces deux camps, forcément en opposition, plus ou moins mouchetée, il y a les « experts » et les medias. Les medias faisant souvent recours aux experts, notamment sur ces sujets techniques et à forte capacité polémique que sont les déchets. 

Donc dans l’article qui m’a poussé à écrire ce billet, sur Rue89, Sophie Verney-Caillat, comme Denis Cheyssou il y a quelques mois dans CO2 mon amour, a décidé que le « tri mécano-biologique » faisait un mauvais compost. Point.  Et elle s’appuie sur des « experts ». Notamment le réseau Compost Plus, constitué de collectivités qui ont pris le parti de faire du compost à partir de biodéchets collectés de manière séparée, en gras une poubelle différente pour les déchets de cuisine et de jardin. En France il y a deux manières de voir le problème, poussé par une restriction programmée de l’enfouissement et un besoin de certaines terres agricoles en matière organique : soit on utilise des biodéchets collectés séparément, soit on fait passer les déchets de tous les jours dans des unités de tri pour en extraire la matière qui pourra être compostée. Ce débat ne peut être tranché qu’en prenant les situations locales au cas par cas. Et en arrêtant de penser qu’une seule méthode est la bonne. Il faut viser une obligation de résultat et non de moyen, car si on se focalise sur la méthode utilisée on risque fort de laisser passer une grande quantité de déchets compostables entre les mailles du filet. Surtout que ce débat est celui lancé à l’échelle européenne et qui doit être tranché dans les prochains mois. Et ce débat européen me permet de revenir sur la position tranchée choisie par Rue89, on apprend dans le déchets-Infos du 19 juin 2012, que les résultats des tests sur les composts provenant de biodéchets collectés séparément ou issus de TMB n’étaient pas si nets que ça :
« Or selon une source proche du dossier, ces analyses étaient en fait disponibles dans leur presque totalité dès le 6 juin. Mais leurs résultats ne sont pas aussi tranchés que l’au­raient voulu la Commission et les pays du Nord. En clair, ils montreraient que certains composts de biodéchets sont de qualité médiocre alors que certains composts de TMB sont de bonne qualité. »

Ce résultat on l’attendait un peu, il avait été plus ou moins annoncé dans l’étude de l’INERIS d’avril 2012. La Commission Européenne se retrouve en peine de statuer mais les experts dont la position semble défendue par Rue89 ont raison si l’on se contente de cet article. Rien de tel pour motiver des élus locaux, qui finiront par dire au législateur : « hé, tu nous dis une bonne fois pour toutes ce qu’on doit faire des poubelles, et nous on le fait ». Parce que travailler pendant des mois sur une filière pour se voir accuser au bout du bout d’être des sales pollueurs, je pense qu’ils vont finir par en avoir gros sur la patate.
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14 commentaires:

  1. Tiens ! Un vrai billet. Et fort intéressant, en plus.

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  2. Il est où mon commentaire ? Dans les spams ?

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  3. ah merci, Nicolas, et oui tu es encore en spam, il n'y a pas un moyen de dire que tu es visiteur commentateur autorisé ?!

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  4. Billet long et complexe mais fort intéressant. Je rejoins tes conclusions sur l'ensemble. Op je partage partout!

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  5. :-))) Excellent billet - Je confirme : mon téléphone portable a 5 ans et j'en suis très contente, ma télé est à écran plat mais vu que la cathodique nous a lâché l'année dernière et qu'il n'y en a plus en rayon, forcément ... plus de GPS (la mise à jour coûte 40 fois plus cher qu'un bête plan papier, arnaque !!), quant aux avions ... bon les avions j'acquiesce mais ayant une moitié en plein dedans ... (oui je sais c'est codé).
    Un adjoint de Tours disait qu'il fallait aussi des déchets organiques dans l'enfouissage pour faciliter la "dissolution" des déchets non organiques. Comme quoi.

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    1. oui rien n'est simple, si on enlève la matiuère organique des déchets on ne pourra plus produire d'électricité en enfouissement

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  6. Excellent billet. Je ne suis pas acheteur compulsif et je fais attention aux emballages. Ma télé grésille mais fonctionne encore: pour moi ce n'est pas un achat à faire à la légère.
    Les gens sont bouffés par la société de consommation, mais ne se demandent pas ce que deviennent leurs déchets. On devrait les entasser chez eu pour leur montrer.

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    1. ben non c'est le principe du déchet, on le jette pour qu'il disparaisse

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  7. J'attends toujours une carte des lieux de recyclage de l'agglo, voire du département d'indre et loire :)

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    1. qu'est-ce que tu appelles des lieux de recyclage ? des déchèteries ou des installations comme des plates-formes de compostage ?

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  8. En fait quand je parle de carte, je devrais être plus précis. Je pense que Gaël sait de quoi je parle vu que j'aid déjà posé la question.

    Touraine Propre devrait être capable de fournir l'ensemble des données géographiques et qualitatives sur les lieux de tri et recyclage du territoire à n'importe quel citoyen du coin.

    Sans trop entrer dans le détail, mon commentaire porte sur le caractère OpenData de la démarche.

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    1. ah d'accord, c'est une bonne idée, en plus ça pourrait être utile à certains, tiens des ébauches sous googl maps

      https://maps.google.fr/maps/ms?msid=217985260253937990674.0004a8943cb508fe38814&msa=0

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