mardi 4 juin 2013

quelques éléments de désintox sur la fracturation hydraulique géothermie/gaz de schistes

En plein débat sur la transition énergétique, les défenseurs de la recherche de cette soi-disant nouvelle manne énergétique ont décidé de relancer l'intox sur la fracturation hydraulique et son innocuité relative. C'est un peu le serpent de mer, devant la levée de bouclier des associations, puis l'interdiction de cette technique par le gouvernement, les entreprises pétrolière notamment ont trouvé un nouvel angle d'attaque qui pourrait se résumer ainsi : "on nous interdit de pratiquer la fracture hydraulique pour les gaz de schiste, alors que pour la géothermie c'est légal". Cette attaque est particulièrement pernicieuse, elle met notamment en porte-à-faux les associations écologistes qui présentent volontiers la géothermie comme une alternative crédible au nucléaire, et elle semble démontrer que la loi du 13 juillet 2011 a été faite dans la précipitation alors que ce fut une des premières mesures du quinquennat, saluée par Nicolas.

Cette action de lobbying (car oui le lobbying est fort : pensez donc d'un côté l'indépendance énergétique et la compétitivité retrouvée, de l'autre des craintes sur le sous-sol...) a eu plusieurs phases :

En France, d'abord essayer de trouver un joli nom de remplacement à la "fracturation hydraulique" et parlant de "stimulation de la roche". ça fait plus glamour hein ? Le Monde s'en fit l'écho, mais peut on encore avoir confiance en ce journal sur cette question, après l'article dithyrambique paru lors de l'été 2012 qui aurait pu s'intituler voyage au pays mirifique des gaz de schiste aux frais de avec  la princesse ? Car oui le lobbying est fort : pensez donc d'un côté l'indépendance énergétique et la compétitivité retrouvée, de l'autre des craintes sur le sous-sol...

En parallèle, en Europe, Manuel Barroso appelle à la libéralisation de l'énergie. Juan se demande sir les gaz de schiste sont concernés...

Et puis donc, après avoir distillé cette idée de la comparaison possible entre géothermie et fracturation hydraulique (on a repris le terme initial puisque l'attaque glamour n'a pas vraiment pris dans l'opinion), un groupe texan Schuepbach a déposé une Question Prioritaire de Constitutionnalité pour tenter de casser cette loi du 13 juillet 2011, à la suite de l'autorisation de deux nouveaux puits de géothermie en Alsace.

Pour y voir plus clair, je ne peux que vous conseiller cette note de Gérard Lemoine, géologue, qui revient sur les différences entre fracturations hydrauliques pour la géothermie et pour extraction de gaz de schiste.

Ces différences sont notables :
la profondeur et la nature des roches visées (un schiste argileux pour les gaz de schiste, des roches magmatiques pour la géothermie). En géothermie l'objectif de rouvrir des fractures, a très grande profondeur, alors que pour la fracturation hydraulique en vue de l'extraction de gaz de schiste, on travaille la roche pour que celle-ci libère le gaz.J'avais essayé d'expliquer tout ça dans ce billet.

la production d'effluents contaminés dans le cas des gaz de schistes, alors que l'eau recircule pour la géothermie. Ces effluents, mal gérés font courir un risque pour l'environnement.

Pour Gérard Lemoine, il n'y a tout de même pas d'angélisme. Il rappelle que le risque sismique est présent dans les deux cas de figure.

Rien n'est simple dans cette affaire, mais il ne faudrait pas non plus que les pétroliers essaient de nous rouler dans la farine avec leur gros sabots derricks.


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7 commentaires:

  1. Putain ! Un vrai billet. Je lis plus tard.

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  2. Gaz de schiste : scénario pour un gazage programmé

    « Moins de six mois après le début de la contestation organisée contre l’exploitation des gaz de schiste, il semble déjà y avoir quelque chose comme une opposition « officielle ». Ce qui avait inquiété l’Etat au début de la mobilisation, à savoir son caractère populaire et donc imprévisible, est en train de s’étioler. Ça se bureaucratise. Il y a des colères qui se perdent. On parle d’un nouveau Larzac, puis on retourne au Parlement européen. On fait mollement des réunions d’information où on n’ose trop rien dire, de peur que ça ne soit pas dans la ligne…
    Et après tout, si ça pouvait se régler comme ça, pourquoi pas ? Tant que ça marche… Mais la question est que non seulement ça ne marche pas, mais que l’Etat est en train de retourner ses propres armes contre la contestation. Qu’encore une fois, ils vont faire servir la loi contre les gaz de schiste à l’acceptation des gaz de schiste. Créer des réglementations qui feront accepter ce qu’on réglemente, alors qu’on n’en voulait tout simplement pas. Et ainsi de suite : on connaît la chanson. C’est celle du Grenelle, du développement durable, du partenariat et de la cogestion sous toutes ses formes… »

    http://www.infokiosques.net/spip.php?article870

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